Un trésor royal vieux de mille ans a été découvert en Allemagne par un enfant de 13 ans

Trésor royal découvert à Rügen
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On se croirait dans un film ou un roman jeunesse tant cette histoire rassemble de clichés archéologiques. Pourtant, Luca, un Allemand de 13 ans, a découvert un trésor dont les objets les plus récents dateraient de 980 et auraient appartenu au roi Harald. Une découverte qui a fait réagir de nombreux historiens.

Le trésor de l’île de Rügen

C’est sur l’île de Rügen que cette drôle d’aventure a commencé. Située au nord de l’Allemagne, dans la mer Baltique et non loin des côtes danoises et suédoises, Rügen est la plus grande île allemande. D’île, elle n’en a plus que le nom depuis qu’elle est reliée au continent par un pont construit en 1936 pour en faire un lieu de vacances prisé.

En janvier dernier, un « archéologue amateur » du nom de René Schön et un jeune adolescent de 13 ans, Luca Malaschnitschenko, ont découvert une pièce en métal alors qu’il utilisait un détecteur de métal dans un champ de l’île. Les découvertes archéologiques faites par des amateurs sont très rares, mais celle-ci est de taille.

Trois mois après leur découverte, les autorités locales ont commencé à explorer les lieux à la recherche d’autres restes. C’est là qu’a été découvert un trésor entier, composé de plusieurs centaines de pièces d’or, d’un marteau figurant celui du dieu scandinave Thor et de plusieurs anneaux et broches brisées.

Le trésor du Roi Harald « Bluetooth »

Les historiens ont rapidement pu identifier le contenu du coffre et sa provenance. Certaines des pièces de monnaie viennent de l’autre bout du monde, comme des Dirhams de Damas (en Syrie!) datant de 714. Cependant, l’immense majorité de la monnaie retrouvée provient du royaume danois d’Harald 1er, qui régna entre 910 et 987 de notre ère.

Le Roi Harald 1er, surnommé « Dent Bleue », vraisemblablement à cause d’une dent dévitalisée ou à une erreur de traduction, fut le premier roi danois à rejeter les croyances polythéistes scandinaves pour adhérer au christianisme. Sa conversion a, évidemment, été accompagnée d’une longue période de guerre et d’évangélisation qui mena à la première unification totale du royaume danois.

Aujourd’hui, Harald 1er est mondialement connu (sans même qu’on le sache toujours) parce qu’il a donné son nom à la technologie Bluetooth (littéralement en français, “dent bleue”). En effet, les développeurs de cette nouvelle technologie voulaient un nom à la hauteur du pouvoir fédérateur d’un processus de partage de fichiers sans fil. Ils ont alors choisi le nom du premier roi qui a unifié le Danemark. Le logo de la technologie bluetooth correspond d’ailleurs aux initiales de ce surnom en runes danoises de l’époque.

Les hypothèses des historiens

Il est vrai que l’île de Rügen ne se trouve qu’à une centaine de kilomètres des côtes de l’actuel Danemark, mais la présence d’un tel trésor en ces lieux soulève, tout de même, quelques questions. Par ailleurs, un autre trésor de même nature avait été découvert à la fin du 19e siècle sur l’île allemande de Hiddensee (une toute petite île entre Bürgen et la côte danoise).

Cette découverte a été considérée par les historiens avec le plus vif intérêt, notamment parce qu’elle correspond assez précisément aux sources historiques qui nous sont parvenues et au récit qu’elles font des évènements de la fin du règne d’Harald 1er. Effectivement, en 986, le roi déchu par son propre fils avait fui en Poméranie, une région de l’actuelle Pologne, où il mourut un an plus tard.

Selon les historiens, il est donc fort probable que le roi Dent Bleue se soit arrêté en chemin sur l’île de Bürgen et dans la région alentour. Il pourrait alors avoir pris la décision d’y cacher une partie de sa fortune, soit qu’il eût peur d’être rattrapé par son fils, soit qu’il eût prévu de reprendre le trône plus tard grâce à ces trésors enfouis.

Archéologue amateur et pilleur, une fine frontière

Si cette belle histoire a eu un dénouement heureux et participe déjà à une meilleure compréhension de l’histoire locale et danoise, il n’en est pas toujours de même. Ainsi, les autorités locales et compétentes, ainsi des historiens et archéologues professionnels ont également saisi l’occasion d’interpeller le grand public sur sa responsabilité dans le processus des découvertes archéologiques.

Effectivement, de nombreux particuliers aiment et apprécient de sonder le sol de leur région avec un détecteur de métal, dans l’espoir de découvrir un trésor, à l’image de ce jeune garçon de 13 ans. Cependant, si ces machines ont été interdites en France et qu’il faut un permis pour les utiliser en Espagne et Grande-Bretagne, ce n’est pas pour rien.

En effet, de nombreux amateurs se retrouvent alors, chaque année, à déterrer des milliers de pièces archéologiques dont l’étude pourrait être majeure pour la compréhension de notre passé. Cependant, même lorsqu’elles sont remises aux autorités compétentes après excavation, le fait de déterrer soi-même, sans prendre gare à préserver le site, empêche alors l’étude du sol et donc du passé de l’objet.

De précieuses informations sont ainsi perdues chaque année et les archéologues ne cessent de répéter, inlassablement, que l’archéologie amateure est souvent contreproductive, destructrice et efface à jamais des traces précieuses de notre passé, rendant sa compréhension et sa découverte définitivement impossibles.